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samedi 19 avril 2025

Pour que les voix des femmes afghanes continuent à se faire entendre…

ENGAGEMENT


C’est joli un cerf-volant.
Il joue avec les nuages, sourit au soleil, danse avec le vent…
C’est fragile aussi un cerf-volant, surtout lorsque le ciel s’assombrit, que les nuages s’amoncellent, qu’il est empêché de voler.

Si les cerfs-volants ne volent plus dans le ciel d'Afghanistan, il a plus grave encore… Celui de murer dans le silence, d’invisibiliser, les femmes.

Par un sinistre 15 août 2021, les cerfs-volants restèrent au sol et les femmes privées du droit à leur liberté. Pourtant, courageusement, les femmes afghanes s'opposèrent à la décision aussi injuste que brutale des talibans. Malgré le danger, la répression, nombreuses sont celles qui s’élevèrent pour que justement leurs voix puissent encore resonner. 

En occident, leurs sœurs aussi se levèrent afin d'interpeller le monde, crier en leur nom... Parmi elles, la magnifique et courageuse Hamida Aman.

Hamida Aman est une voix de la liberté. Femme de communication et de culture, elle porte haut et fort ce combat. Ainsi, un 8 mars, date oh combien symbolique, elle fonda Radio Begum (la « radio des Reines »), une radio faite par des femmes et pour des femmes. Via ce support médiatique, le souhait de transmettre et préserver le savoir. L’éducation comme rempart, toujours, contre l’obscurantisme. Radio Begum offre dès lors la possibilité de continuer à apprendre, découvrir, comprendre. Une porte ouverte sur le monde extérieur, une fenêtre sur la culture et la connaissance. En marge, une chaîne éducative verra le jour émettant de Paris. Enfin, une autre initiative vit le jour, un livre.

C’est beau un livre, cela signifie tant de choses un livre, en premier lieu la liberté lorsque l’on sait que certains sont interdits ou détruits… Un livre témoigne, conte, relate. Il transmet des émotions, grave en son sein des mots qui ne s’envoleront pas.

Des témoignages, des émotions, il en est question dans « Résistance Renaissance ». Un livre publié par le principal éditeur suisse protestant de langue française basé à Genève, la maison d’édition Labor et Fides. Une maison d'édition portée par Marion Muller-Colard.


Pour ce recueil, des voix solidaires, masculines et féminines, Leila SlimaniJulie GayetSophia AramPatrick CohenBernard de La Villardière ou encore les talentueux et talentueuses illustrateurs et illustratrices Marc Antoine CoulonMarjane Satrapiprirent leur plume ou leur pinceau. Chacun, personnellement, y déposant un dessin ou un texte...

« Begum et Shazia sont pour moi la quintessence de la femme afghane. Et je me suis construite autour de ces deux grandes figures tutélaires. Elles représentent leur temps et leur milieu, façonnant, et forçant leurs destins au cœur d’un XXe siècle, aussi riche en opportunités que semé d’épreuves pour les femmes afghanes.

Saba, Hilay et Mursal, les filles de (Radio) Begum portent en elles aujourd’hui les défis et les (dés)espoirs de l’Afghanistan du XXIe siècle.

Vous entendrez leurs voix dans ce recueil, et celle de femmes et d’hommes solidaires, écrivains, écrivaines, journalistes, dessinateurs, dessinatrices… Si toute et tous redoutent que les voix des Afghanes ne s’éteignent peu à peu, ce n’est pas seulement par solidarité, mais aussi parce qu’il est du devoir de chacun et dans l’intérêt de tous de vivre dans une paix durable bâtie sur la justice et l’égalité. »

Hamida Aman

« Rappelons-nous tout, femmes du monde entier, que personne n’est plus arrogant vers les femmes, plus méprisant et agressif que les hommes inquiets pour leur virilité. Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe.

Impuissantes, impuissants, nous assistons à cette mise à mort de la pensée, de la parole, comme si à travers ce crime contre l’humanité, c’était la moitié de l’humanité qui était condamné à se taire. »

Isabelle Rome

« Je me souviens très bien du jour où les talibans ont repris Kaboul. J’étais assise devant la télévision, faisons défiler les chaînes pour espérer en trouver une qui me dise que tout cela n’était qu’un mensonge, que les talibans n’avaient pas pu prendre Kaboul, qu’ils avaient battu en retraite.

Hélas, aucune de toutes les chaînes que j’ai fait défiler ce jour-là n’a pu me réconforter. Les talibans étaient bel et bien de retour, et avec eux d’obscurité. une chape de plomb,d’obscurité. Jamais je n’ai autant pleuré de ma vie, déversant, une pluie de larmes jusqu’au matin, pleurant mes camarades de classe, mes professeures, l’école, la cour de récréation, la salle de classe, et même le vendeur de snacks devant l’école. »

Prina Muradi

"Un matin, alors que la République venait de tomber, et que les talibans étaient de retour au pouvoir, nous nous sommes rendues à l’école comme tant d’autres matins. Mais cette fois-ci, on nous a annoncé que pour les filles au-dessus de la sixième, ce serait le dernier matin d’école.

Les talibans venaient de condamner les chemins du savoir et de l’émancipation. Avec mon amie, nous étions horrifiées par la nouvelle qui nous laissait tétanisées, sans voix, tandis que raisonnaient autour de nous, les sanglots de nos camarades pleurant à chaudes larmes.

Elles s’étaient assemblées devant les portails désormais clos, criant qu’il fallait nous laisser entrer, que cette école était le seul moyen de réaliser nos rêves.

Plus terrible encore que la peur, c’est l’anxiété, diffuse, continue, qui depuis ce jour, là, ronge peu à peu nos cœurs de jeunes filles. 

Nous nous savions condamnées." 

Frishta Muradi

" Les Afghanes, nos héroïnes, ne cherchent pas à briller. Elles cherchent juste la lumière du jour. Elles ne se battent pas pour l’égalité des droits, mais pour lire et manger. L’enjeu pour elles n’est pas de changer le monde, mais d’éviter qu’on les efface. 

Et c’est en cela que leur combat nous oblige et nous instruit : plus urgentes que l’instauration théorique d’une justice universelle, il y a, fût-ce au prix de nos existences, la sauvegarde et le sauvetage de celles qui demandent seulement à ne pas disparaître."

Raphaël Enthoven


Ce livre du cœur est précieux et chacun de nous, de vous, pouvons, pouvez, le soutenir en l'achetant. En effet, les droits de ce dernier (le livre est à 24€sont reversés à l’ONG Begum.

Emettons le souhait que les cerfs-volants rejoignent de nouveau leciel d'Afghanistan... Et plus encore, que les voix des femmes afghanes puissent par leurs chants, paroles, les porter haut dans le ciel...

Au nom de la liberté, de leur liberté simplement…

© Pierre Sinanian/Mi.ian Galery. Avril 25

#Hamidaaman #Afghanistan #Femmes #Radiobegum

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