" L’émission télévisée s’achevait. Surfant sur la vague médiatique provoquée par « l’atterrissage » de la sonde Philae à la surface de la comète Tchourioumov-Guérassimenko, baptisée « Tchouri », y ajoutant la notoriété de sa propre émission, le journaliste n’avait rencontré aucune difficulté à animer le débat entre ses invités. Aux propos bien informés d’un autre journaliste familier des mission spatiales et aux interventions claires et précises d’un scientifique de l’agence spatiale française, un astronome ajoutait ses commentaires enflammés. Je complétais le quatuor des invités.
L’animateur annonça la dernière question transmise par la régie et, d’un bref, regard, m’indiquant qu’elle m’était destinée. « Quelles interrogations spirituelles ou religieuses, demande notre téléspectateurs, un tel succès dans l’exploration de l’espace peut-il susciter ? ». La phrase n’était pas encore achevée que l’astronome avait déjà bondi sur son fauteuil : « La science, et les scientifiques n’ont pas à s’intéresser à ce genre de questions ! » Et il se calma aussi vite, estimant sans doute que… la messe est dite. Quelque peu surpris par la réaction de son invité, le journaliste me fit de répondre à mon tour. « Je respecte, Monsieur, votre position, répondis-je ; pourtant, nombreux ont été les scientifiques, et parmi eux Albert Einstein, Georges Lemaître ou encore Stephen Hawkins, à avoir abordé la question de Dieu. Aussi bien pour nier que pour affirmer l’existence d’une entité, d’une intelligence supérieure… » Je pouvais avancer une telle affirmation avec d’autant plus d’ assurance que je préparais à la publication d’un ouvrage consacré à ces savants qui ont osé parler de Dieu.
À cette époque, je n’avais pas jugé opportun de m’intéresser à Camille Flammarion ; personne ne me l’avait d’ailleurs reproché. Le moment est venu de réparer cet oubli à l’égard de ce populaire astronome, disparu il y a un siècle."
Ces mots, ces phrases…
Ce propos…
Vous le retrouverez en préambule de « Camille Flammarion. Le pèlerin des étoiles » (éditions du cerf, 18€) de Jacques Arnould.
Et pour reprendre une pensée émise en toute fin de ce préambule, oui, le moment est venu de rendre hommage, de célébrer comme il se doit, pour ses 100 ans, Camille Flammarion.
Rendons donc grâce à Jacques Arnould de s’être penché sur un homme simple, cultivé, curieux, décrié, Camille Flammarion.
Camille Flammarion était un astronome passionné. Astronome mais pas seulement… En étudiant le ciel, les planètes et autres, il questionna aussi la place de l'homme dans l'univers, son origine, son existence, la création, l’existence de Dieu... Plus encore, réceptif à ce qui l'entourait, le visible comme l'invisible, il s’interrogea sur l’existence d’une autre vie, ailleurs dans un autre univers ou pour revenir à l’homme, sur la survie de l’âme après la mort.
À travers ce passionnant ouvrage, Jacques Arnould offre aux lecteurs l’occasion d’aller à la rencontre de cet esprit critique « Flammarion ne peut le nier : il est bel et bien convaincu de l’incompatibilité des dogmes de la tradition catholique et des découvertes scientifiques. Il ne cesse de s’en prendre aux Docteurs catholiques » qui restent isolés dans leur statut qui d’il y a cinq siècles, qui répudient dédaigneusement la science, et qui nous assurent sérieusement que la foi chrétienne n’à rien à craindre ! ». De ce passionné d’inconnu : « L’inconnu est le motif des critiques de Flammarion à l’égard de toutes les formes d’immobilisme et de dogmatisme, en même temps que l’inspiration, l’origine de sa propre recherche, de sa propre quête. L’inconnu le fascine, au sens où il attise, attire sa curiosité, en même temps qu’il l’inquiète et même le terrifie, surtout lorsqu’il est question de la mort. Dans son ouvrage consacré aux maisons hantées, il écrit : « Nous n’avons qu’un droit, celui d’être modestes, surtout en ce qui concerne les problèmes de la vie et de la mort. Nous vivons au milieu de l’inconnu. Mais il est beau, il est bon, il est utile de chercher. » Et Flammarion de conclure « Tout est à apprendre. La vérité avant tout. »
Durant toute son existence, Camille Flammarion veilla à garder un esprit critique. Refusant l'idée même de limiter son champ de recherche, veillant inlassablement à analyser, remettre en question l'existant, creuser, découvrir ce qui ne l'était pas encore. Un esprit résolument ouvert face aux lignes directrices de très, trop, nombreux scientifiques.
Assurément, Camille Flammarion fût un pèlerin de la culture et du savoir. Le savoir fondé, celui à construire, celui à découvrir et, encore et toujours, à remettre en question.
(c) Pierre Sinanian/Mi.ian Galery. Avril 25
#CamilleFlammarion
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