Le 7 octobre, Les non-dits d'un conflit par Daniel Sibony.

Témoignage

C'est un ouvrage captivant à plus d'un titre.

Un livre qui, dès le début, saisit par le fond et la forme, le message voulu, le sens porté, l'intention et la finalité.

Daniel Sibony, mathématicien, psychanalyste et philosophe, est l'auteur du passionnant "Les non-dits d'un conflit" (Editions Intervalles, 13€).

Nombreux sont les livres ayant pour sujet le 7 octobre.

Les uns s'appuyant sur les témoignages de survivants, d'autres sur le massacre... La liste est longue. Tous ces ouvrages sont assurément intéressants, dans le sens où chacun apporte un éclaircissement sur le sujet, un moyen de relater un événement inqualifiable.

L'ouvrage de Daniel Sibony tient sa particularité de ses expertises. S'appuyant sur son savoir, ses connaissances, il prend le sujet à cœur et à corps, sans oublier l'esprit, pour dépasser un simple niveau d'analyse. Plus encore, en dépassant l'évidence de ce massacre et ses répercussions, en comprendre le sens et en rechercher l'origine.

Car pour l'auteur, le 7 octobre est bien plus qu'un pogrom, il est le résultat d'un Jihad.

La haine qui s'est répandue ce jour là n'était pas une retranscription, comme ont pu le dire certains, d'une humiliation éprouvée depuis des années. Elle était bien plus que cela.

Une réalité plus profonde, lointaine, remontant à des siècles. Le résultat d'un endoctrinement, d'une pensée transmise de générations en générations. 

En somme, au-delà d'un contexte géopolitique qui aurait contribué à l'innommable, rechercher plus aux origines, à la racine, cet effroyable massacre. Un massacre qui, par ailleurs et si l'on s'appuie donc sur le postulat qu'il serait à rapprocher du Jihad, laisse penser que malheureusement, il ne risquerait pas d'être isolé.

Daniel Sibony offre une approche lucide non seulement sur le 7 octobre, le conflit israélo-palestinien ou israélo-arabe, mais aussi la relation complexe, tumultueuse, entre juifs et musulmans.

Si le passé est ce qu'il est, le présent aussi, l'auteur ne ferme pas la porte à ce que le futur soit différent. Encore faudrait-il que les protagonistes acceptent une remise en cause de ces bases. 

Mieux, on reconnait là, la sagesse du philosophe, l'analyse du psychanalyste. Rien ne s'effacera d'un trait, trop de choses furent écrites, construites, forgées depuis la nuit des temps. Pour autant, l'érudit sait que toute remise en cause d'un état, d'une situation, d'une approche peut, s'il l'on y travaille, conduire à une approche différente du problème.

Avec cet ouvrage, dont on ressort à la fois troublé, pensif, interrogatif et certainement plus cultivé, on comprend que pour aller de l'avant, il faut déconstruire, justement, ces pensées forgées dans le temps.

Un livre à lire, à faire lire autour de soi, pour s'éveiller et méditer sur le message porté par un homme de sagesse : Daniel Sibony.

(c) Pierre Sinanian/Mi.ian Galery. Fev 25