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dimanche 24 novembre 2024

L'histoire de la mode par Loïc Prigent.

Sélection Noël


La Fashion galaxie est constituée de phénomènes… Des classiques aux excentriques, des placides aux excités, ceux d’antan et ceux en devenir, sans parler des autres, tous les autres.

Loïc Prigent en est un exemple… Le garçon est sympathique, répond favorablement à une sollicitation, s’étonne (à chaque fois) de ne pas y avoir répondu, dit qu’il répondra et … Repeat. 
Un jour peut être ... Ou pas.

Lorsqu’on lui donne en référence sa série documentaire «Le Jour d’Après» où il filmait les défilés le jour d’avant, le jour présent et donc d’après, il vous répond « Mais c’est vieux maintenant ». On a beau lui dire que malgré les années passées, le programme reste incontournable, c’est à catégoriser dans le registre " passé".

C’est intéressant le passé mais pas vraiment fashion. Enfin tout dépend, une fois de plus, de sa galaxie…

Le grand Loïc regarde la Fashion galaxie avec un cocktail d’humour pince sans rire tout en étant particulièrement sérieux sur ce qu’il fait. Fun but serious.

La mode, à force, il la connait comme un gant. L'occasion pour lui de la répandre, l'évoquer, partout.

Ces précédents livres « J’adore la mode mais c’est tout ce que je déteste » et « Passe-moi le champagne, j’ai un chat dans la gorge » furent couronnés de succès.  L'auteur y délivrait des petites phrases que seule la fashion galaxie peut émettre...

La mode, la mode, la mode comme dirait l'une de ses consœurs. Encore et toujours la mode puisque Mr Prigent endosse un nouveau costume, celui de professeur d’histoire avec «Mille milliards de rubans» (Grasset, 19€). Prof d'histoire à la sauce Prigent. Cela rend cette dernière irrésistible ! Historiquement sarcastique…

Tout commence par un début. Rien de nouveau à cela, c'est dans l'ordre des choses. Et bien avant de laisser filer son ruban de la mode, Prigent commence par lui. 

Immodeste ? Non, ce n'est pas le genre du bonhomme. Plutôt, justement, en toute modestie, explique l'une des raison de ce livre...

« Je ne connais rien à la mode, je ne m’habille pas à la mode et me voilà qui arrive chez Yves Saint Laurent, moquette verte, tentures lourdes, Loulou de La Falaise, journalistes aux cheveux impeccables. » La suite, concernant Pierre Bergé, est savoureuse … « Pierre Bergé a des airs de Louis de Funès. C’est Oscar, le sévère proviseur du pensionnat Fashion ».

Mais ce n’est pas tant cet épisode au demeurant initiateur qui fait le livre, Monsieur Saint Laurent, au moment voulu sera évoqué, ce sont plutôt des questions posées. Des questions à partir des déclarations de Pierre Bergé, lui qui ne voyait qu’en Yves Saint Laurent, mettant de côtés les autres…

Pourtant, et malgré l’immense talent, du couturier, l’histoire de la mode ne se résume pas qu’à lui. Idem, outre les couturiers, stylistes et autres, la mode est une industrie avec ses codes, us et coutumes, ses règles.

Prigent revient ainsi sur la mise en place de ce système, sur la manière dont ce secteur considéré comme superficiel, frivole, est important économiquement.

Dans son livre, Prigent revient sur la crinoline (1855-1870) ou la toque, souligne la figure de la fashion victime Eugènie, impératrice de son état, parle de Barthélemy Thimonnier « L’un des plus grands inventeurs français connaîtra aussi l’une des pires trajectoires » ou d’Isaac Merritt Singer « On le dit charismatique, il a raté une carrière d’acteur de théâtre mais a gardé l’habitude de tonner au lieu de parler », sans oublier le « father de la Haute Couture française » Mr Worth. Il y est question aussi de Berthe Morisot, du col cheminée qui efface le cou en 1890, des aigrettes, des joailliers à l’esprit du voyage naissant « Thomas Cook convertit l’Angleterre à son délire de voyage organisé à partir du grand pèlerinage de 1851 pour l’Exposition universelle », de Gabrielle Chanel et sa célèbre petite robe noire « Quelques années après mon entrée avenue Marceau chez Yves et Pierre et Loulou, je me retrouve nez à nez avec la petite robe noire de Gabrielle Chanel, l’originale de 1926, d’une sobriété à tomber par terre, et encore une fois je ne comprends rien, ou en tout cas j’ai envie de mieux comprendre ce qui a pu faire arriver ça. »... Vous l’aurez compris l’épopée de la mode à la plume Prigent n’en est qu’à ses débuts.

On se hâte d’en découvrir la suite pour apprendre de manière ludique et éducative son histoire.

Et puis, entre nous, avoir un professeur si particulier, à l’humour ravageur, au ton espiègle, un brin ironique, rend le sujet captivant et résolument accrocheur.

Vous reprendrez bien une prochaine leçon ? En attendant, voici un livre à dévorer de suite ou à placer sous le sapin en attendant d’en faire un tiers.

(c) Pierre Sinanian/Mi.ian Galery. Nov 24

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