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mercredi 6 mars 2024

"Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute", une pièce humaniste.

On sort ce soir... Théâtre !

Il y avait foule, mardi 27 février, au théâtre du 13e Art

Et pour cause, c’était la première de la pièce « Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute ».

Foule pour assister aux premières représentations théâtrales du musicien Ibrahim Maalouf ? Foule pour voir de près le ténébreux Thibault de Montalembert ? Foule pour écouter le texte et voir la mise en scène des talentueux Kamel Daoud et Denise Chalem ?

Ne compliquons pas les choses. C'était tout cela en même temps !

Sur la grande scène du 13e Art, la complicité est réelle entre Thibault de Montalembert et Ibrahim Maalouf. Cela tombe bien puisque que la pièce souligne l’amitié fusionnelle entre deux amis…

De Montalembert incarne l’alter ego du Kamel Daoud, Zireg. Un chroniqueur, un passeur de mots, un révolté, un homme en souffrance à la vision et lecture de ce que devient son pays.

Ibrahim Maalouf, lui est un jeune musicien en devenir.

Tous deux s’apprécient, s’opposent, se lient… Ils échangent, comme le font deux véritables amis, sur la vie, la création, les conflits, les femmes…

L’ensemble avec un élément fédérateur devant l’éternel, la gastronomie. Sans oublier le bon vin…

Avec eux, c’est un pont entre deux pays, deux cultures… La France et l’Algérie.

Dans leurs échanges, il est question d'intégrisme, de religion est plus encore de la place des femmes.

Une femme dignement représentée dans la pièce par Sarah-Jane Sauvegrain.

Ce que l’on décrit par une « présence sur scène » est indéniablement incarnée par cette dernière.

Sa voix grave, forte, chaleureuse, sensuelle. Sa manière de décrire le statut que l’on impose aux femmes, femmes voilées, femmes silencieuses, femmes soumises.

«  Couvrez ce sein, que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées
Et cela fait venir de coupables pensées. » Le Tartuffe

Avec puissance, l’actrice clame la souffrance de ces femmes, leur impuissance tout comme leur résistance.

Pour les messieurs, Thibault de Montalembert est surprenant par son aisance, dansant, chantant. Tantôt fort, tantôt délicat.

Ibrahim Maalouf est donc pour la première fois au théâtre. Une première ? Vraiment ? Rien à dire, tant il semble à l’aise dans l’exercice. Son personnage est attachant, il l’est tout autant.

Inspirée des chroniques du journaliste algérien Kamel Daoud, la pièce fait aussi des rapprochements… Ainsi, à l’emprisonnement de la femme, est souligné la pandémie du Covid. Un lien ? Un rapport ? C’est plus subtil que cela. Il ne s’agit de comparer ce qui ne l’est pas mais de relier une image. Celle d’un enfermement qui fut, on le sait à la lecture de rapport, difficile pour de nombreuses femmes.

Plus encore le manque de liberté… Celle que nous subissons.

Ne nous cachons pas. La pièce eut quelques longueurs, du moins à percevoir ici et là quelques inattentions de la part de certains dans le public.

Mais deux choses l’une.

La première est relative à la difficulté de retranscrire des sujets si importants dans une pièce. Difficile, en effet, de résumer autant de thèmes au risque de les survoler. Les chroniques de Kamel Daoud ne le peuvent pas, ne le méritent pas tant elles sont fortes, justes, puissantes.

Denise Chalem, avec tout le talent qui la caractérise, le sait très bien. Respectant ainsi la force des textes, messages, de Kamel Daoud tout y important la touche théâtrale nécessaire à cette adaptation.

Enfin, même si cela est accessoire… Je ne résiste pas aux tours de magie ou tours de malices du piano-bar et du fauteuil. Le rapport ? Vous le comprendrez en allant voir la pièce.

« Un homme qui boit rêve toujours d’un homme qui écoute » est une pièce riche de sens, forte par le message délivré, précieuse par son humanisme.




« Un homme qui boit rêve toujours d'un homme qui écoute »
Une pièce de Denise Chalem, inspirée des "Chroniques de Kamel Daoud" publiées au Point
Avec : Thibaud de Montalembert, Ibrahim Maalouf et Sarah Jane Sauvegrain
Le 13e Art, centre commercial Italie Deux, 30 place d’Italie, 75013 Paris

(c) Pierre Sinanian/Mi.ian Galery. mars 24

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