Livres
« À Beyrouth…
De mon cœur, un salut à Beyrouth
Et des baisers, à la mer et aux maisons
À un rocher, semblable au visage d’un vieux marin
Elle est, de l’âme du peuple, du vin
Elle est, de sa sueur, du pain et du jasmin
Qu’est devenue sa saveur ?
Un goût de feu et de fumée.
À Beyrouth, une gloire de cendres
À Beyrouth, du sang d’un enfant porté sur sa main
Ma ville a éteint sa lumière
Elle a fermé sa porte, se retrouvant seule le soir
Toute seule, la nuit. »
Ces quelques mots, cette déclaration d’amour, cet appel du cœur, sont ceux de l’icône de la chanson libanaise, Fayrouz.
Beyrouth, chantée,
Beyrouth adorée,
Beyrouth sublimée, passionnée, traumatisée…
Beyrouth et, à travers elle, le Liban. Une capitale célèbre dans le monde, un pays de légende considéré en son temps comme la Suisse du Moyen-Orient.
Beyrouth, c’est aussi le décor d’un livre palpitant, celui de David Huet : Beyrouth Forever (Liana levi, 20€).
David Huet entraîne le lecteur dans une fiction palpitante avec comme fond une une analyse sociale, elle, bien réelle…
En effet, tout au Liban est poudrière. Il suffit d’un rien pour que cela s’enflamme.
Est-ce d’ailleurs pour cela que l’un des personnages du livre, Aimée Asmar, est morte ?
Aimée Asmar n’était ni une personnalité politique, ni une figure religieuse… Sa spécialisation à elle était l’histoire. Un secteur là aussi pour le moins sensible.
La cause de son décès était-elle justement liée au contenu de son ouvrage ? Un précis historique sur l’histoire complexe, passionnante et oh combien sensible du pays.
Une histoire… Quelle histoire ? Du moins, selon quelle approche ? Quel courant ? Quelle minorité ?
Marwan Khalil, le héros principal du livre, en est l’exemple.
Aujourd’hui inspecteur de brigade criminelle, il fut dans sa jeunesse un ancien milicien chrétien. Comme tant d’autres, et quelle que soit son origine, il met un voile sur ses douleurs, ses ressentis, ses rancœurs. Pourtant les plaies sont ouvertes. A cela se rajoute les blessures personnelles, intimes…Tout comme son pays déchiré, sa propre vie est en miette.
Difficile d’avancer lorsque l’on est blasé et que rien ne semble pouvoir s’arranger. Que l’impuissance régit l’existence surtout au regard de la corruption à tous les niveaux dans le pays.
Aussi lorsqu’on lui confie cette enquête et qu’on le presse de la clôturer, Marwan Khalil sait que cette disparition cache autre chose.
Pourquoi cette dernière soit-elle clôturer aussi vite ce dossier ? Que peut donc cacher cette mort ? Que souhaite-t’on taire ?
Marwan et sa jeune collaboratrice vont comprendre que se pencher de près ou de loin sur une histoire commune est dangereuse. Plus encore que cette affaire dérange en haut lieu.
À mesure que Marwan avance dans son enquête, il est confronté à des pressions venant “d'en haut”. Sa hiérarchie lui intime de clore rapidement l'affaire, signe évident que la mort d'Aimée dérange et plus encore son récit historique qui réveillerait des animosités en fonction des différentes communautés. Mieux vaut pour beaucoup, surtout, ceux qui ont le pouvoir que le statu quo demeure…
"Beyrouth Forever" est un roman passionnant. Un livre qui plongera le lecteur non seulement dans une enquête policière mais aussi sociologique et psychologique, sans oublier… historique.
Un livre qui saisit le lecteur tant il reflète une société riche de diversité et oh combien complexe.
(c) Pierre Sinanian/Mi.ian Galery. Mars 25
#davidhuet #lianalevi #Beyrouth
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