Sélection Noël
Ecrits sur le cinéma
Pauline Kael
Sonatine
32€
La critique est aisée mais l’art est difficile.
C’est un fait…
Et même en ce qui concerne la critique, cette dernière exige une finesse, une pratique, un style… Il se doit pour cela, de connaître son sujet, du moins sa matière. Y apporter un sens pour justement qu’elle soit constructive.
Pauline Kael, en la matière, a été une pointure. Une de celles qui en faisant sa (ses) critique (s) savait toucher sa cible, relever ce qui n’allait pas, ce que le film apportait ou aurait dû apporter. Sans parler des réalisateurs et/ou acteurs, de la mise en scène, des effets sonores, techniques du film… Une expertise qui lui valu de recevoir des prix pour son travail.
Plonger dans cet ouvrage, imposant, c’est aller à la rencontre d’une foule de personnages, découvrir d’innombrables films (surtout lorsque l’on n’est pas cinéphile…) et parfaire de fait sa culture cinématographique.
Au fur et à mesure de la lecture, la magie opère. On est captivé par l’écriture de Pauline Kael, son ton, son analyse. C’est structuré, pointu, caustique, drôle, percutant. On s’empresse de découvrir la critique suivante. Libre, elle étrille dès que cela ne lui convient pas. Ainsi, outre les films, acteurs, réalisateurs, le système en prend pour son grade.
Le 7eme art a ses chefs d’œuvres et… Le reste, tout le reste. Et lorsque l’on est exigeante, perfectionniste, la liste des chefs d’œuvres se fait particulièrement restreinte.
Comme souligné, son incroyable connaissance du sujet conduit le lecteur à découvrir des films inconnus ou passés loin des radars. Suscitant par conséquent une curiosité certaine.
Un livre pour les passionnés de cinéma et pour découvrir ce qu’est une critique au sommet de son art.
« L’Affaire Thomas Crown est plutôt un divertissement de bonne qualité, mais on ne devrait pas convertir ce pour quoi il nous plaît en baratin dérivé de notre étude d’autres formes d’art. Ce serait précisément trahir ce qui nous plaît. »
« Les cadres des studios ont coutume de dire que les critiques devraient avoir le même âge que le spectateur moyen. Parfois, ils prétendent même que les journalistes ne devraient pas non plus dépasser trois ans d’exercice, car au-delà, ils seront plus blasés que le public. Manifestement, ces messieurs ne comprennent pas l’essence de la critique ; ils voudraient voir en elle un prolongement de leurs départements publicité. Ils rêvent de spectateurs mal informés et amnésiques, afin de demeurer des consommateurs heureux. »
« Tremblement de terre incarne le désir de mort qu’Universal nourrit envers le septième art : ces débauches de destruction sont le seul moyen que le studio a trouvé pour gagner de l’argent… Des stars comme Richard Roundtree (qui joue un Evel Knievel noir de second rang) disparaissent dans la confusion générale sans le moindre petit mot d’adieu… La façon dont sont traitées les deux grandes stars du film, Charlton Heston et Ava Gardner, ressemble à une blague sournoise destinée à une industrie éprise d’autodestruction… Tout sonne faux dans ce film façonné par les codes des series B, et en dépit du procédé Sensurround (des vibrations diffusées dans la salle vous font croire que les murs vont s’écrouler eux aussi), on ne risque pas de se laisser emporter par l’histoire ni d’être bouleversé. »
(c) Pierre Sinanian/Mi.ian Galery. Dec 24
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire