On sort ce soir... Théâtre !
Exilée en Suisse, Gabrielle Chanel se morfond.
Plus encore, elle rumine…
L’écrivain Paul Morand, qui a dû lui aussi fuir et qui rêve éveillé d’être l’un des immortels de l’Académie Française, l’accompagne afin de rédiger un livre qui saluera, comme il se doit cela s'entend, sa grandeur.
Moyennement salaire, Morand s’y attelle.
Du moins tente de le faire …
Car Chanel n’a pas la tête à ça… Renfrognée, pince sans rire, impitoyable, incisive, coriace, la lionne de la rue Cambon tourne en rond, griffe à la moindre occasion et tente comme elle peut de cacher ses plaies.
Elle pense… Elle pense à ce Paris cher à son coeur, à ses amis célèbres et, bien malgré elle, à Hans-Gunther Von Dincklage, ce séduisant officier allemand dont elle fut la maîtresse et qui lui vaut donc cet exil.
Poursuivi par la justice allemande, ce dernier réapparaît dans la vie de la couturière, réveillant une passion que Chanel voulait effacer.
Leur histoire passionnelle renaît mais survivra-t-elle à cette condition nouvelle pour l’un comme pour l’autre ?
N’y allons pas par quatre chemins, Thierry Lassalle nous offre une excellente pièce ! Il revient sur un épisode de la vie de Chanel où cette dernière s’entretiendra avec Paul Moran afin de réaliser sa biographie, « L’allure de Chanel ».
Une pièce mise en scène avec brio par Anne Bourgeois et où l’on saluera le travail de Jean-Michel Adam pour le décor et Jean-Daniel Vuillermoz pour les costumes.
Pour porter cette pièce, quatre acteurs et non des moindres.
En premier lieu, Caroline Silhol.
Dès la première minute, elle séduit le public. Captivant ce dernier par sa manière d’être Chanel. Car elle l’est, réussissant à faire retranscrire toutes les caractéristiques rattachées à la couturière. Prétentieuse, autoritaire, grinçante, odieuse mais aussi amoureuse, émotive, blessée… Un soleil (pour reprendre encore un symbole Chanel) sur scène !
Face à elle, une découverte : Christophe Barbier.
L’homme, connu pour être journaliste, est un passionné de théâtre, de grands écrivains.
Avec talent, il offre un visage presque humain au cupide et cynique Morand. Son jeu, son phrasé, son envie de jouer réussissent à captiver l’auditoire.
Enfin, ne manquons pas d’évoquer le séduisant Emmanuel Lemire qui campe Hans Günther von Dincklage et Thomas Espinera en fidèle maître d’hôtel dont on apprendra qu’il restera le confident, l’ami, le majordome et même de temps en temps, l’amant de Coco… Même si juif.
La pièce est passionnante pour plusieurs raisons. Elle évoque une figure mythique de la mode, revient sous une période sombre de l’histoire de France, souligne aussi la psyché humaine, ses forces et faiblesses, à moins que cela ne soit le contraire. On y apprécie la qualité des dialogues, ces échanges, la justesse des jeux...
« Mademoiselle Chanel en hiver » est une pièce toute en élégance. Une pièce qui, à défaut de rendre sympathique Chanel, apporte une réflexion intéressante sur l'être humain.
Un être en blanc ou noir... A l'instar des couleurs fétiches de Melle Chanel.
« Mademoiselle Chanel, en hiver »
De Thierry Lassalle
Mise en scène : Anne Bourgeois
Avec : Caroline Silhol, Christophe Barbier, Emmanuel Lemire, Thomas Espinera, Bokai Xie, Lucie Romain
Du 11 Janvier au 31 Mars 2023
(c) Pierre Sinanian/Mi.ian Galery. fev 23
Tags : Gabrielle Chanel, Paul Morand, Caroline Silhol, Christophe Barbier, Thierry Lassale, Théâtre de Passy
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